Intervention dans la bibliothèque Trait d’Union, Pau.

Thème : Jules Vernes.

Le nautilus du XXIème siècle…

Il m’a paru évident de ne pas aborder ce projet comme une entreprise de reconstruction fidèle du sous-marin du Capitaine Némo. Je retiens seulement d’une part, l’objet fantastique : irréel, surnaturel, insolite, étrange et bien sûr onirique… d’autre part l’objet scientifique sous-entendant l’observation, l’exploration, l’expérimentation, la recherche… et je replace ensuite tout ces matériaux théoriques dans le contexte de l’élément essentiel de ce projet : la médiathèque, “sa faune et sa flore”.

J’envisage le Nautilus comme lieu d’immersion dans le milieu urbain, du sous-marin nous glissons vers le sub-urbain pour envisager le quartier ODB avec un point de vue différent. Il s’agit de métamorphoser un espace donné : le parvis et l’entrée de la médiathèque Trait-d’Union, par un agencement plastique particulier, pour atteindre le regard et alerter.

(quelques images en cours de chantier)

Toute une équipe jeune et dynamique et moi-même aurons pour mission d’opérer à cette transformation. Les jeunes fréquentant la médiathèque seront évidemment partie-prenante.

Les projets que j’ai élaboré sont susceptibles d’évoluer en fonction des circonstances et des idées que chacun laissera émerger.

Je vous livre quelques idées directrices : l’équipe des Jules V., (constituée d’un groupe d’enfants fréquentant la médiathèque), sera composée de Jules explorateurs et de Jules chercheurs.

Les Jules Explorateurs :

En tant qu’observateurs d’un environnement, nous devrons adopter une vision rapprochée, millimétrée. Nous aurons pour mission de relever des quantités d’indices visuels : les “tensions”, les lapsus, les failles, les bavures du contexte urbain, pour en dresser une identité plus précise. Partant du principe que le détail recueille la vérité criante, les “rebuts” (ce que l’on ne voit/regarde plus), les mouvements les plus dérisoires, sont une mine d’informations. Nous saisirons donc les choses au vol, nous tenterons de collecter l’insolite du quotidien. Nous serons des enquêteurs qui suivrons à la trace, les rebuts de l’existence urbaine (attention, il ne s’agit pas de faire les poubelles !!!) et autres menus détails par lesquel un quartier peut se laisser saisir. L’exploration pourrait-être trop facile, ces Jules-là seront équipés de semelles de sable à la manière des pieds-lourds des scaphandriers pour introduire un comportement différent dans un environnement habituel que l’on pense parfaitement connaître. Les latins glissaient de petits cailloux dans leurs chaussures, ils appelaient cela les “scrupuli”… censé causer de légers embarras, empécher de marcher confortablement, et au sens figuré, abandonner notre esprit au doute, au malaise, donc à l’hésitation. La perception des choses s’en trouve donc peut-être changée ?

Les Jules Chercheurs :

Dans leurs mobilo-labos, ils opèrerons à une “traduction” vivante et démonstrative des collectes réalisées, des expériences menées…

• les tuyaux sont là pour entraver la fluidité et la cohérence contrôlé de l’espace public, ils figurent les autres cheminements possibles dans l’espace.
• le rideau-sirop est une frontière à traverser pour accéder au cœur du projet (d’où la couleur rouge) : la médiathèque. Le sirop est une sucrerie, c’est l’enfance, mais aussi, et peut être surtout, la gourmandise, celle qu’il faut garder et développer pour l’art, la culture et tous les trésors qui sont contenus dans la médiathèque.
• les réverbères, la plupart du temps sont des éléments urbains vertigineusement verticaux, mais dont la majeure partie de la verticalité reste inexploitée. Là, enrobé de bulles d’eau, ils deviennent tout entier accrocheurs de lumière, alors qu’en général, seul leur sommet offre un éclairage.
• les hublots recadrent des éléments dérisoires mais révélateurs d’un esprit urbain, ici des créneaux : a-t-on affaire à une enceinte fortifiée ???
• les cloches sur les corbeilles permettent d’isoler ces réceptacles à déchets à des fins observation de ce qui fait partie de nos productions quotidiennes…

Ces idées auront une semaine pour voir le jour et évoluer, n’hésitez-pas à venir nous voir….

K(s)A – 7 octobre 2005

(quelques images de la manifestation)